Plein d'essence et mauvaise rencontre [PV Adam White]

Johanna rentrait tard ce soir, elle était sortie de la ville afin de faire des recherches dans une bibliothèque plus vaste que celle de Heaven City. Elle avait fait le tour en ce qui concernait œuvres sur les vampires et elle n'avait rien trouvé sur la guérison du vampirisme.
Elle savait que beaucoup aurait considéré cela comme stupide. On devient vampire point à la ligne, aucune chance de rédemption. Mais pourtant, elle était hantée par le souvenir de Darwin, ce vampire pas comme les autres qui l'avait tiré d'affaire lors d'une chasse qui aurait dû mal tourner pour elle. Elle s'était demandé où était-il parti, elle avait tellement de question à lui poser. Comment avait-il fait pour parvenir à se contrôler ? Pourquoi avait-il choisi cette vie alors que tous les vampires qu'elle croisait s'en prenaient aux humains.

Un voyant rouge apparu sur son tableau de bords et un coup d'œil à sa jauge d'essence la tira de sa rêverie : elle devait faire le plein si elle ne voulait pas tomber en panne.

"C'est pas vrai... j'aurais dû faire plus attention à l'heure..."

En effet, prise dans ses recherches qui n’avaient pas débouché, elle ne percuta l’heure que lorsque la bibliothécaire vint lui dire qu’elle allait fermer. Le temps de retourner à Heaven il faisait nuit.
Tout en se maudissant, il mit le clignotant pour quitter la voie entrer dans la station service. Elle sortit du véhicule, pas très rassurée, mais il valait mieux sortir maintenant pour faire un plein que lorsqu’elle devra rentrer à pied suite à une panne.
Alors que sa voiture se remplissait, elle repensa à ses recherches.
Elle voulait aider Nate en trouvant un moyen de lui ramener Aaron. Elle n’avait pas revu ce dernier depuis qu’il était devenu un vampire, mais l’expérience ne lui disait trop rien.
Déjà qu’elle n’aimait pas trop la chasse alors si c’était pour tuer une vieille connaissance, de plus le frère de son meilleur ami… non merci.
Ses pensées partir alors vers Rain. La pauvre avait perdu son petit ami…
Elle souhaitait vraiment que cette guerre secrète cesse, tout le monde perdait plus qu’il ne donnait. C’était si injuste…

La route s’étendait sous les yeux du vampire. A ce niveau d’éloignement de la ville, il apercevait à peine les lumières de Heaven, et la route semblait n’avoir ni de début ni de fin. Un simple trait jaune sur une cartographie, un lien entre Heaven et le reste du monde, une simple couche de goudron sur du bitume. Aussi anodine soit-elle, cette route était le seul lien que pouvait avoir les habitants de Heaven avec le reste du monde. Entourée de sombres forêts avec une seule station service au bord de la route, il était risqué de s’y aventurer la nuit, car indéniablement cette route comme le reste de la ville appartenait à ces créatures de l’ombre qu’on appelle vampire. Si l’on ne pouvait percevoir aucun bruit de la ville, aucun cri de douleur ou d’effroi mais aussi aucun son rassurant comme celui d’une voiture qui se gare, d’une porte qui claque, d’un chien qui aboie, de deux jeunes gens riant de leur bonheur et de leur jeunesse, il pouvait rapidement naître en les cœur des égarés sur cette route une peur inconnue jusqu’alors. Une peur qu’il traiteront de sottes et à laquelle ils ne prêteront attention. Grave erreur. Guettant les reflets des phares des voitures dans les flaques d’eau, le vampire se sentait d’humeur joueuse. La nuit venait à peine de tomber et déjà son estomac réclamait le sang.

Gagnant la station service, quelle ne fut pas la surprise qui saisit le vampire en voyant une jeune femme dont il pouvait reconnaître les traits sans pour autant savoir qui exactement elle était, mais son instinct doublé d’un souvenir trouble lui indiqua immédiatement qu’elle était une chasseuse. Guère prudente si l’on en jugeait pas le fait qu’elle traînait la nuit, sans arme, et en dehors de la ville… Ici, dans ce petit coin paumé loin de tout, loin même de Heaven, il était facile de disparaître sans laisser de trace. Déjà Adam se réjouissait d’entendre les cris et les supplications de la chasseuse. Un brin vaniteux de s’imaginer déjà le combat gagné ? Oublait-il donc l’essence qui pourrait se révéler fort dangereuse ? Non, simplement, Adam sentait déjà la peur couler le long du dos de la chasseuse, il pouvait en humer l’odeur, et s’en nourrir aussi simplement qu’il se nourrirait de son sang.

Que fais donc une jeune femme seule à une heure pareille, dans un endroit aussi isolé de tout ?

Plongée dans ses pensées, elle fut subitement interrompue par une voix aux intonations un peu trop froides et railleuses à son goût. Un courant électrique parcouru l'échine de son dos alors qu'elle se tendait, prête à riposter.
La voix d'un vampire était aisément reconnaissable quand on savait écouter : froideur inhumaine avec une touche de plaisir cruel à la perspective d'un massacre.

Elle avait vraiment le chic pour attirer les vampires, deux minutes.
Elle s'arrêtait deux petites minutes et un "monsieur les dents longues" débarquait. Pour couronner le tout son pieu et son arme à feu était où ? Dans la boîte à gants juste sous ses yeux derrière la vitre ! Vitre évidemment un peu plus épaisse pour supporter une éventuelle attaque.
Le temps de faire un mouvement vers la portière pour prendre ses armes et il serait déjà sur elle, elle devait ruser à fond sur ce coup.

*Quelle conne mais quelle conne !*

Elle se retourna pour faire face au vampire. Pas de doute, il s'agissait bien d'un vampire, ce teint et cette lueur maléfique dans les yeux ne duperait aucun chasseur.
Les mains dans les poches, elle était à la fois fulminante de rage contre elle même et terrorisée à l'idée d'être sans défense. En plus elle n'aimait pas tant que ça la chasse...
Et puis qu'est-ce qu'ils avaient tous à aborder les gens en posant des réponses stupides ? Ce n'était pas assez évident qu'elle faisait un plein ?
C'est alors qu'elle sentit contre ses doigts un objet froid et métallique : son briquet !
Et juste à côté d'elle se trouvait une jolie pompe plein d'essence, si le vampire s'approchait trop près, il allait finir en grillade.
Reprenant confiance, se sachant finalement pas si sans défense que cela, elle s'adressa au vampire.

"Je te déconseille d'approcher à moins que tu ne sois friand des barbecue."

Sentait-elle sa propre peur car elle était si forte qu’elle aurait pu asphyxier le vampire ? Sentait-elle sa sueur froide couler le long de son échine car il la devinait ? Laissant son regard se promener sur le corps pas moins somptueux de la belle chasseuse qu’il ne se l’était imaginé en la voyant de loin, le vampire passa sa langue sur ses crocs. La nuit se promettait d’être belle, et savoureusement longue. Une chasse ? Non, il ne sentait pas la chasseuse de force à lui faire face. Déjà il savourais l’odeur de peur qui émanait d’elle et dans peu de temps il serait à même de savourer son sang s’il trouvait un moyen de faire avec l’essence qu’elle tenait à la main et du briquet qu’elle devait avoir sur elle. N’importe quel vampire aurait attendu qu’elle sorte de la station pour l’attaquer, à un endroit où ils étaient certains de ne pas partir en fumer, mais Adam n’était pas n’importe quel vampire. Sans doute l’un des plus destructeurs du groupe Van Zan, il était en tête du hit parade des vampires. Séducteur sans avoir besoin de le jouer, attirant à lui les mortels comme les fleurs attire les abeilles, il n’y avait jamais de nuit sans de baiser langoureux et saignant à point. Le vampire savait comment faire pour les faire durer plus longtemps, il savait y faire pour prendre tout son temps sans perdre un seul instant sa victime, il parvenait même à se faire aimer de ses victimes, jusqu’au dernier instant de douleur, pour elles. Dandy vampire, ombre de la nuit, fantôme et désir fantasmer de beaucoup de femme, nul ne lui résistait. Même Eleanore n’avait pu lui résister alors qu’il venait de tuer toute sa famille.

Quel idée monstrueuse de faire du barbecue dans un tel endroit à une heure si tardive, quand on pense que la viande est bien plus onctueuse sous le palais lorsqu’elle est saignante

Un jeu de mot bien vilain si l’on tenait compte de ce qu’il sous-entendait, mais il aurait pu difficilement s’empêcher de le faire. Non seulement il se moquait pas mal d’attirer sur lui la colère d’une chasseuse car il ne trouvait rien de plus amusant que de jouer avec les chasseurs de la ville d’Heaven, mais en plus, il adorait jouer sur les mots qu’il connaissait si bien. Avide de sang, de douleur et de massacre, Adam n’en était pas moins intelligent et cultivé. Il aimait lire ces petites choses qui réjouissent ses victimes, il aime savoir employer des mots doux à leurs oreilles, en connaitre les conséquences dans leurs esprits tortueux. La vie sans littérature aurait sans doute un goût plus amère. Et jouer avec les mots était infiniment plus amusant pour commencer une nouvelle partie. Les humains se divertissaient-t-il pas de la même manière ? N’amenaient-ils pas de la même façon leur jeux aussi terrible que ceux d’un vampire ? Adam se souvenait de film où le méchant lançait un jeu de mot avant sa terrible attaque. N’était-ce pas ce qu’aimait les humains ? Des jeux de mots avant des jeux de crocs ?

"Super, un humoriste…"

En plus de tomber sur un vampire, il fallait qu’elle tombe sur un comique… Elle sentait qu’ils allaient devoir jouer au jeu de mots avant d’en venir au corps à corps. D’un côté, cela permettrait à Johanna de réfléchir pour se sortir de là.
En espérant ne pas toucher une corde sensible à travers les jeux de mots, les vampires étaient très successibles et si on les titillait un peu trop, leur envie de jouer passait et là les chances de s’en sortir vivant pouvaient disparaître.
Un vampire joueur peut être maîtrisé, ou on peut le semer, mais un vampire en colère, c’était la mort assurée si on ne savait pas s’y prendre et mettre à profit l’absence de lucidité du vampire pour l’abattre.
Johanna sentait une sueur glacée lui couler le long du dos alors qu’elle tenait avec un peu plus de fermeté son briquet et la pompe à essence.

*Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas rencontrer des vampires comme Darwin ? C’est trop demandé ?*

Elle en avait marre de cette guerre, elle était dedans parce que sa famille y avait pris par. Elle, c’était une pacifiste, elle voulait croire qu’une coexistence avec les vampires était possible.
Malheureusement à part Darwin, chaque vampire qu’elle avait croisé n’était que des bêtes assoiffées de sang.
Et cela l’épuisait… une vie normale c’était trop demandé ?
À son âge, on va à la fac, elle aurait aimé étudier les lettres, sortir sans crainte des vampires, faire la fête avec des amis. Mais au lieu de cela, elle était dans une station d’essence, face à un vampire et devant défendre sa vie.

Elle se ressaisit, fixant le vampire face à elle, elle ne devait pas se laisser distraire sinon...
Si elle n'avait pas eu les mains de occupées, elle aura passé sa main au cou, histoire de vérifier qu'il n'avait pas de morsure, les vampires étaient rapides et si on n'y prenait pas attention, ils vous mordaient sans que vous vous en rendiez compte.

Certains humains chantent une comptine lorsque la nuit tombe. ‘Loup y es-tu ?’ Le loup ne leur a jamais répondu. Peut-être parce que ce n’est pas le loup qui est le plus dangereux dans les bois. Ce sont les vampires. Créatures assoiffées de sang, surgissant de l’obscurité comme des monstres d’un conte pour enfant. Et le méchant loup dévora l’enfant. L’av antage avec les vampires c’est qu’il reste un corps à identifier. Leur nature les rend enclin à la violence, mais ce qu’ils aiment par-dessus tout c’est jouer avec leur victime. ‘C’est pour mieux te dévorer mon enfant’. Les vampires sont des monstres élégants revêtisant l’aspect d’un simple mortel pour mieux piéger ses victimes. Et si un enfant porte un chaperon rouge, nul doute, que les vampires se mettent doucement à chanter ‘Loup y es-tu ?’ Car rien ne leur plait plus que le jeu. Un jeu cruel où la seule perte est celle de la victime. Ses cris retentissent dans la nuit comme pour célébrer la gloire des vampires. Glorifie mon nom. Dans le sang, les vampires établissent leur royaume. Et l’obscurité reprend son droit.

Les yeux du vampire luisaient dans la nuit. Seul signe de la faim qui le dévorait. Chante mon enfant, chante donc. Ses yeux parcouraient le visage doux de la jeune femme. Charmante. Infiniment charmante. Et ses lèvres douces semblaient appeler à de tendre baiser échanger dans la nuit noire. Nulle lumière douce de la lune au-dessus de leurs têtes. Les vampires voyaient si clairement dans la nuit qu’ils n’en avaient pas besoin. Et le ravissement qu’ils éprouvaient à la vision d’une si charmante créature se soumettant à leur désir n’en serait que plus fort. Chante mon enfant, continue de chanter. Et mes désirs les plus fous seront exhaussés. Le vampire sourit doucement. La vision de cette chasseuse désemparé, sans nul autre arme qu’un briquet l’amusait. Il n’avait qu’un désir devant cette image céleste, c’était de déguster son sang, d’éteindre ses chairs dans une étreinte mortelle. Un doux baiser contre le fluide vital si sacré. Un doux baiser langoureux. Adam se sentait le cœur d’être romantique cette nuit. Rien en lui ne l’empêchait d’être un amant doux à ses victimes, seul son sadisme sans fin empêchait ses victimes de profiter de la douceur du vampire, de la précision de ses attaques, de la volonté ferme de ses lèvres.

Elle ne bougea pas, continuant de fixer le vampire. Porquoi n'attaquait-il pas ? Johanna n'étant pas de nature à attaquer, elle pratquait surtout le défense. Ce petit manège risquait de vite prendre de la longueur si chacun se contentait de fixer l'autre.

*Avec de la chance, qu'elqu'un va passer et détourner son attention, ce qui me permettra de... laisse tombe Johanna, tu auras à peine tourné le dos qu'il te sautera dessus. Bon plutôt que de parler toute seule, pense à un plan pour te sortir de se merdier... Si seulement Nate était là...*

Bien qu'étant une chasseuse, elle s'était retrouvé très rarement seule face à un vampire, et à chaque fois elle avait l'impression qu'elle allait finir en plateau repas. Instinctivement, elle avait pensé à Nate, dès qu'elle était en danger, elle pensait à lui, espérant le voir débarquer. Il était un excellent chasseur, bien meilleur qu'elle et elle était sûre qu'il ne la sermonnerait pas du fait qu'elle se soit mise dans de beaux draps, contrairement à ses frères et sœurs.
C'est alors qu'elle eut une idée. Regardant du coin de l'œil la pompe à essence, elle estima la longueur du cordon et commença à reculer doucement. Si le vampire ne bougeait pas, elle aurait peut-être une chance. Bien qu'ayant des tendance pyromane, elle n'aimait pas foutre le feu n'importe où pour griller les vampires.
Un pas en arrière, puis deux...
Elle recula prudemment, craignant de voir le vampire se jeter sur elle à tout moment. Une fois de plus, son envie de partir loin de cette vie de chasse s'emparait d'elle. Ce genre de situation deenait invivable, elle aimerait sortir tard le soir sans craindre de tomber sur des vampires dès qu'il faisait nuit...

H.J :
Désolée pour le temps de réponse, j'ai dû aller aux repêches.

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